Le plafond de verre, c’est cette limite invisible qui freine l’ascension hiérarchique de certaines catégories de personnes, parmi lesquelles les femmes, peu représentées dans les postes de direction. Sans surprise, ce plafond de verre est, pour les femmes, largement lié à la maternité.
Il est vrai que les discriminations à la maternité sont devenues plus subtiles avec le temps. Les licenciements grossiers en plein congé maternité ont doucement été remplacés par des méthodes plus insidieuses : suppression de poste en retour de congé maternité, mise au placard, multiplication soudaine des réunions tardives, remarques grinçantes et régulières sur votre nouvelle vie de famille, évolution de carrière en berne…
Désormais bien conseillées, les sociétés agissent en apparence dans les règles. Votre suppression de poste ? Absolument sans lien avec votre congé maternité, seulement une nécessité soudaine et impérieuse de réorganiser le service. Vos nouvelles missions manquent d’intérêt ou vous privent de visibilité en interne ? Rien à voir à nouveau avec votre récente grossesse, votre intitulé de poste est d’ailleurs resté le même, tout comme votre rémunération.
Beaucoup de clientes viennent me voir dans cette situation. Toutes traversent dans les premiers temps une période de doute. Est-ce vraiment de la discrimination ? Suis-je en train de devenir parano ? Il s’agit peut-être d’une période transitoire, le temps de retrouver mes marques ?
Puis cela dure, et souvent la situation s’enlise. Elles se cognent contre un plafond de verre soudainement devenu très concret.
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe de nombreux recours à votre disposition et que le Code du travail est en la matière extrêmement protecteur.
La règle est claire : vous devez retrouver votre ancien emploi à votre retour de congé maternité. Si votre poste a été supprimé, votre employeur doit vous proposer un emploi similaire. Evidemment, le maintien de l’intitulé de votre poste et de votre rémunération ne suffit pas à caractériser un emploi similaire, et ce sont vos nouvelles fonctions dans les faits qui seront examinées par les juges.
Si vous constatez une perte de responsabilités, un retrait ou diminution de vos fonctions managériales, un changement à votre désavantage dans l’organigramme, ou encore une affectation à des missions moins valorisantes, vous êtes victime de discrimination. Même chose si vous êtes privée, à votre retour de congé maternité, des augmentations collectives qui ont concernées vos homologues.
La discrimination s’accompagne parfois de pratiques harcelantes qui n’ont pour objectif que de précipiter votre départ. Les « oublis » d’invitations à des réunions d’équipe, parfois justifiés par vos nouvelles obligations de maman, en sont un exemple assez récurrent.
Alors que faire concrètement ?
Que ce soit pour obtenir une revalorisation ou engager une négociation de rupture, la première étape clef est de rassembler des preuves solides de la discrimination subie. Là-dessus, les mêmes inquiétudes sont récurrentes : « tout s’est fait à l’oral », « je n’ai rien pour le prouver », « ils sont trop malins pour mettre quoi que ce soit par écrit », etc.
Pourtant, dans bien des cas, vous disposez de bien plus d’éléments que vous ne l’imaginez. Il faut savoir où chercher et trouver des moyens de valoriser les informations les plus précieuses.
Vos e-mails quotidiens peuvent en eux-mêmes constituer une preuve précieuse de la dégradation de vos missions après votre congé maternité. Si vous en recevez significativement moins qu’avant votre absence, il s’agit d’une preuve ! Des captures d’écran de votre agenda avant et après votre congé maternité peuvent également démontrer une disparition symptomatique de certaines réunions clefs ou d’une diminution globale de vos missions. Ne négligez pas non plus vos échanges privés avec vos proches et vos collègues : vos questionnements et ressentis exprimés à chaud renforceront la crédibilité de votre mise à l’écart. Isolés, ces éléments peuvent vous paraître fragiles : c’est en les constituant dans le cadre d’un dosser qu’ils gagneront de la force.
Et un dossier, ça se construit ! Identifier des écrits probants, obtenir certains documents et rassembler ces preuves vous permettront de vous opposer si nécessaire à votre employeur. Pour défendre vos droits efficacement, il faut agir rapidement, savoir distinguer les éléments les plus utiles, et être bien accompagnée.
La discrimination fait partie des manquements les plus sévèrement punis par le Code du travail. Quelle que soit votre ancienneté, vous pouvez prétendre à une indemnisation qui ne peut être inférieure à 6 mois de salaire (incluant les primes). Des rattrapages de salaire et des indemnisations complémentaires peuvent également être exigés selon la situation.
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